Non mais voilà je vais jamais décolérer à ce rythme-là. Arrêtez maintenant.
Ou alors moi je m’arrête. Oh.
Ce sera donc le dernier TTFO avant la pause estivale, pour le plus grand bien de moi.
Donc bon, je me suis encore énervée.
En voyant le petit monde de la com, notamment britannique, s’extasier sur cette campagne sur l’équipe anglaise de foot féminin à l’Euro.
Non en fait, n’exagérons rien.
Au début j’étais pas énervée, j’étais juste circonspecte, trouvant que ça casse pas non plus des briques (tish).
Et puis j’ai fait un truc que j’évite de faire d’habitude : j’ai réfléchi.
Et là, voilà, là j’étais en colère. Et après j’ai vu ça :
et j’étais encore plus furax. Et puis ça, et puis j’ai bu un grand verre d’eau et me voici.
Si on arrêtait de jouer en défense ?
La dernière Coupe du Monde féminine, franchement, ok, c’était encore l’occase de dire “hé vous avez vu, there’s this new thing in town, enfin c’est pas nouveau c’est juste que vous vous en foutiez avant, eh bien regardez c’est aussi bien que les mecs”. Ce que tout le monde a fait. Très bien. Super topito.
MAIS la Coupe du Monde 2019 a fait un… carton : en combiné, plus d’un milliard de téléspectateur·ices. Même celleux qui s’en foutent sont maintenant AU COURANT que le sport féminin existe. Alors en 2022, c’est pas regrettable un peu de faire des briefs sur le foot féminin qui sont encore défensifs ? Alors là, ok, y’a eu un step, c’est plus “c’est mieux que vous pensez” c’est “regardez comme elles sont BADASS”, sous-entendu “aussi badass qu’un mec”.
C’est quand même dommage, non, que les pubs sur le football féminin soient des pubs sur le féminin plutôt que sur le football ?
On n’écrit pas un Write the future toutes les cinq minutes, c’est quand même sympa d’avoir une opportunité de plus d’y parvenir, plutôt que de faire une énième variation sur le thème “c’est des meufs MAIS”.
Si on changeait les codes (péno) ?
Le meilleur point de vue critique que j’aie lu sur le sujet, c’est celui-là : “Don’t spoil Euro 2022 with worthy purpose marketing”. Si je suis honnête c’est plus intelligent que ce que vous êtes en train de lire. Le monsieur explique que si on continue à assimiler les athlètes féminines à une métaphore du gender empowerment, on va continuer à enfermer le foot féminin dans la cage Diversité & Inclusion.
Mais surtout, laissez-moi isoler cette merveille :
“We should never imply that watching women’s football is "the right thing to do". The more we talk about overcoming the odds or progressing a movement, the more we tell fans this is a product that’s having to fight for their attention. It makes women’s football feel like something fans should watch, not something they want to watch.”
Ça ! Exactement ça ! Plutôt que de donner envie, la rhétorique “regardez comment qu’elles ont bossé dur” attire presque la pitié. Regarder le sport féminin devient un acte d’engagement. Un petit quelque chose qu’on fait pour aider la cause.
Y’a pas de cause, c’est juste du sport et c’est pour ça que c’est bien.
Petit saut latéral
Alors j’entame une manoeuvre risquée, si vous êtes toujours là accrochez-vous.
Vous savez à quoi elles me font penser, ces pubs sur le sport féminin ?
À celles pour les Jeux Paralympiques.
Même rhétorique. Du rough, du tough, du badass, de l’underdog. Attention hein, Super. Human. est absolument incroyable, loin de moi l’idée de la tacler. Mais c’est absolument pareil. Des gens qui ont surmonté l’adversité et qui donc méritent notre respect au moins, notre admiration au mieux, en tout cas qui nous rappellent qu’iels méritent autant notre attention que les autres.
On aura vraiment gagné quand le sujet de ces pubs sera simplement le sport.
Allons droit au but
Je me dis que le vrai coup à jouer, ça serait d’écrire un brief Coupe du monde/JO, classique, générique, super, de le filer aux agences/créas, de récupérer tous les petits bijoux qui en sortent, et de dire “ah, by the way, on va juste mettre des meufs/des personnes handicapées à la place”. Peut-être qu’on sortirait de l’empowerment/justification/défense et qu’il se passerait des trucs cool.
Bisous,
Sev
Ces moments de lecture frustrent souvent mes envies de débattre (puisque je suis souvent seul quand je lis TTFO...) je partage donc ce qui titille mes neurones. Pourquoi appuyer sur les différences pour finalement conclure qu'elles n'ont pas d'importance ? Pourquoi ne pas aller en effet directement à ce qui compte vraiment, comme tu me dis avec ton exemple du brief libre à la fin duquel on placerait des humains de toutes sortes dans les images ? J'aime à penser que nous sommes à une ère de la démocratisation de la réflexion de masse qui essuierait les plâtres de ses balbutiements ? Comme la gestion des peurs instinctives face à des différences... Bref... Merci pour ces titillements sympathiques de neurones.