Vous vous en souvenez ?
Des débats sur le monde d’après en 2020, sur Houseparty, un verre à la main (car soudain il était socialement acceptable de s’alcooliser seul·e chez soi) ? Débats qui ont bien sûr dégueulé sur nos écrans en moult tribunes, posts Linkedin, réflexion thought-leadership-future-of-work.
Un des sujets centraux, c’était le télé-travail. On était globalement tous·tes d’accord sur un point : maintenant que même les plus rétifs·ves au TT s’étaient rendu compte que en fait ça va c’était faux que les gens n’en branlaient pas une à la maison, maintenant qu’on avait collectivement fait l’expérience de ne pas avoir à perdre inutilement des heures de vie dans les embouteillages/sous les aisselles puantes des gens dans les transports, rien ne serait plus pareil.
On n’était pas d’accord en revanche sur comment ça ne serait plus pareil, et quel format était le meilleur. Full-télétravail ? Hybride ? Flexible ? A la carte ? TWAT ? (sérieusement on dirait que certain·es ont passé plus de temps à brander le truc qu’à y réfléchir) Ou la dernière nouveauté, le Four&Flex d’Adam&Eve DDB? Transformer les entreprises en espace de cowork ? De collaboration ? De réunion ? De socialisation ?
Et aujourd’hui, après avoir plus ou moins tout expérimenté…
On n’est pas plus avancé
Entre les startups/boîtes de tech/consultancies qui ont fièrement annoncé le full-TT worldwide, celles qui ont imposé une part de sur-place mais ont refait leurs locaux shiny-sexy-design, celles qui n’ont rien décidé, apparemment personne n’a de réponse toute faite.
Et c’est probablement - fait incroyable -parce que… il n’y en a pas, de réponse toute faite.
Car scoop, ça dépend du type de taf : ce n’est pas étonnant que des boîtes tech-heavy proposent du full-TT : c’était déjà une pratique courante dans le domaine et c’est un marché tellement en tension sur le recrutement que c’est un argument d’attraction-rétention des talents.
Car scoop, ça dépend de la culture : ou de l’absence de. On l’a vu, les boîtes qui ont été les premières à tenter de maintenir/faire revenir les gens au bureau sont celles qui ont réalisé qu’à part 4 murs, y’avait pas grand-chose pour faire tenir tout ce petit monde ensemble.
Car scoop, ça dépend des gens. Alors ça va vraiment vous renverser au sol hein, accrochez-vous, mais d’après une étude IPSOS-Sopra-Steria sur un panel de 70M de gens, il semblerait qu’on soit tous·tes différent·es. Et qu’une fois qu’on nous a sorti·es du carcan du métro-boulot-dodo, ben on aie tous·tes développé notre propre rapport au taf et au remote.
Et comme c’est TTFO et qu’ici on aime le lol, voici un petit exercice de personas marketing à la con illustrés comme il se doit par des images de stock pétées pour essayer de résumer tout ça de façon synthétique et donc, évidemment légèrement imprécise, voire complètement foireuse.
Alors, quel télétravailleur·se es-tu ?
Le·la centered bunkerer.
C’est pas que tu n’aimes pas les gens. C’est juste que les gens font des bruits de bouche, puent, t’interrompent sans arrêt dans ton taf et ont une fâcheuse tendance à vouloir mener des conversations random sur des sujets de merde type la météo ou la dernière série Netflix alors qu’on est là pour bosser.
Le TT forcé en 2020 a été la réalisation de tes rêves les plus fous. Depuis que les gens ne font plus la bise c’est Noël tous les jours. T’es jamais aussi bien que chez toi, face à ton écran, coupé·e du monde. Tu as calé des plages entières d’indispo dans ton agenda qui s’appellent juste “Work” ou “La paix” et personne ne t’emmerde. Ne jamais voir le soleil = pas de vieillissement prématuré. Le mot “présentiel” te donne de l’urticaire, et pas seulement parce que c’est un néologisme hideux.
L’enthusiastic socializer
Tu as fait une crise d’angoisse au jour 2 du confinement : ça ne t’était jamais arrivé de ne pas voir de gens en vrai pendant aussi longtemps. À un moment le contact humain te manquait tellement que tu t’es mis·e à prendre des douches chaudes de 30 minutes voire des bains alors que tu es écolo. A la seconde où les restrictions ont été levées, tu t’es mis·e à faire des hugs à tout le monde, même aux gens que tu n’aimes pas. Aller au bureau, pour toi, c’est comme recharger tes batteries. Tu aimes t’installer à côté de quelqu’un qui travaille, et lui parler pendant qu’iel essaie de se concentrer. Parfois tu as des grandes bouffées d’amour pour l’humanité, qui ne te le rend pas assez.
L’experience-seeker ladder-climber
Ça veut dire que tu es jeune et pauvre, globalement. Quand le confinement est arrivé, tu as soufflé parce que tu n’en pouvais plus de faire 2h de trajet par jour entre Perpette et le bureau. Puis tu as réalisé que vivre-bosser-dormir dans un 15m2 avec un ADSL branlant, c’était une torture. Ajoutons que tu ne connais personne là où tu vis car soit tu y es monté·e pour ton premier taf, soit tous·tes tes potes sont partie·s après les études. Tu aimes aller au travail pour voir des humains, travailler assis·e plutôt que courbé·e dans ton lit, et ne pas payer le PQ.
Le·la switched-on-nomad
Ton espace de travail est là ou tu poses tu sac à dos. Tu peux bosser d’un café, d’un train, d’un Uber, des toilettes d’un aéroport, de la buanderie de ta mamie ou, selon ton pouvoir d’achat, de ta résidence secondaire. Tu consommes 200Go de data par mois en connexion hotspot. A la première rumeur de confinement tu as pris tes cliques et tes claques, et depuis, personne ne sait où tu es sur la planète à un instant T, tout ce qu’on sait c’est que tu n’as jamais deux fois le même background en visio.
Le·la multitasking future-builder
Tu es parent de jeune·s enfant·s, une catégorie à part entière qui recouvre cependant de nombreux usages uniques, de type “faire un call en murmurant” ou son opposé “faire un call en allant chercher les enfants à l’école” ce qui est un enfer auditif pour les gens à l’autre bout du fil MAIS te permet de raccrocher au bout de 20 minutes, pile au moment où ça devient chiant.
Globalement, y’a pas à chier, tu es une personne sur-humaine et tu mérites tout le respect du monde.
SAUF si tu appartiens à cette sous-catégorie qui a été rendue visible de façon criante ces deux dernières années, celle du “overworked chore escaper” : souvent un papa qui a découvert lors du confinent occasion à quel point les enfants, c’est bruyant, et que la vie a cette fâcheuse tendance à générer des productions collatérales de type vaisselle sale, vêtements sales ou bordel. Non-content de faire des runs de 2h trois fois par semaine, à la seconde où le retour au bureau a été possible, on l’a retrouvé, fidèle au poste à 8h30, tous les matins, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, et à charretter dès que possible.
Le·la mindful balancer
Tu es sacrément bonne pâte. Bosser du bureau ? Ok. Bosser de chez toi ? Ok. Tu as un super-pouvoir : tu sais créer des routines autour de n’importe quoi. Tu sais trouver du plaisir dans le trajet vers le taf (“non mais ça me permet de lire/écouter des podcasts”), tu sais trouver du plaisir dans le travail à la maison (“le miracle morning c’est incroyable, la méditation a changé ma vie”). On t’envie ta joie de vivre. Tu es fait·e pour le 3j/2j.
Ou le 2j/3j.
Bon, j’en avais encore d’autres, mais les personas, plus y’en a moins on est capable de faire de raccourcis imprécis alors que c’est tout le sel de l’exercice.
Bisous,
Sev
On en est où sur le télétravail ?
Quid des personas côté employeurs ? ; )